CHANJE
Après un premier EP auto-produit, Chanje, jeune artiste originaire de Vélizy fraichement signé chez Labréa (Wagram Music), est de retour avec un deuxième EP : Pacemaker. L’artiste y présente une musique beaucoup plus introspective. Il y dépeint ses états d’âme sur des instrumentaux planants, proche de la mouvance « cloud rap », tantôt proche de la musique électronique, tantôt du hip-hop plus conventionnel.
West, premier extrait de cet EP est une ode au quartier dans lequel il a grandi. Il y relate, avec une pointe d’ego trip, ses nuits de banlieusard, son ambiance.
Vidéos
Biographie
« J’ai du mal à me rendre compte de mon âge. » C’est exactement ce qu’on se dit à l’écoute de ce premier EP de Chanje. Pacemaker est à l’image de son auteur : mature, passionné et décloisonné.
Deux décennies au compteur, Chanje est de ceux qui prévoient et qui ambitionnent. Le jeune homme a toujours voulu faire du rap son métier, il n’a jamais laissé de place pour un plan B. Et le plan A est simple : rapper, rapper, ne jamais s’arrêter de rapper.
Galvanisé par la performance et l’adrénaline collective de la Sexion d’Assaut, de 1995 ou d’un morceau comme « Panam Hall Starz », Chanje rappe d’abord pour imiter les artistes qui le fascinent. Il se lance pleinement dans l’exercice avec une rigueur de travail et un appétit inhérents aux débutants passionnés qui rappent pour « casser des bouches ». La scène remplace rapidement l’école et devient le terrain d’apprentissage pour l’adolescent dont l’expérience grandit à vue d’œil. Depuis, c’est près d’une cinquantaine de dates en trois ans, du Buzz Booster aux Inouïs du Printemps de Bourges : « J’aime ce poste de chef d’orchestre, de pouvoir jouer avec les sentiments du public. Sur scène, j’ai l’impression d’être intouchable. »
Mais rapper c’est aussi extérioriser, écrire quand ça va mal, sur des moments douloureux sans en avoir honte. « Je ne veux pas me brider, mon rap peut être sensible et brutal à la fois, j’essaie juste d’être le plus honnête possible. » Pour Chanje, être un artiste accompli, c’est trouver l’équilibre entre la prestance et le fond – à l’image de Niro et de Youssoupha – sur scène comme en studio.
« Ce projet est une carte de visite humaine »
Graver dans le marbre l’identité de Chanje serait impossible, tant celle-ci est multiple et complexe, fluctuante comme ses états. Si le jeune artiste ne souhaite pas se définir, la musique qu’il propose parle pleinement pour lui.
Après un an de travail et entouré d’une équipe restreinte mais solide, entre la France et la Belgique, Chanje propose Pacemaker, un EP 9 titres abouti et affiné. Composées dans leur totalité par Herman, les productions offrent un écrin élégant, conçu sur-mesure pour l’univers de Chanje. Résolument sombres, les sonorités ont une « couleur assez spéciale, froide et numérique », créant une atmosphère imposante mais légère à la fois, à l’image de l’instrumental du premier titre « Adossé ». Cette introduction est un parfait exemple de l’assemblage quasi mécanique du contenant et du contenu.
L’ambiance sombre du projet est amplifiée par les thèmes graves et personnels abordés par l’artiste. Avec des sanglots et des effets électroniques dans la voix, le morceau « Pacemaker » nous transporte dans les moments d’angoisse et de peur du jeune homme. Titre sur lequel il articule peu, « Vibe » est le reflet de ce qui se passe dans la tête de l’artiste, une discussion que lui seul peut totalement comprendre. Enfin, que ce soit pour évoquer une rupture amoureuse sur « Novembre 2017 » ou un égotrip introspectif sur « West », l’écriture de Chanje dessine de superbes mélodies, sublimées par les rythmiques digitales.
En évoquant le sujet des fragilités psychologiques et leurs conséquences, Chanje fait preuve de sagesse et de lucidité, sans jamais être impudique. « J’aimerais inscrire ce sujet dans les mœurs, j’aurais aimé entendre un titre de rap sur ces thèmes en étant plus jeune. Si je peux aider au moins une personne, j’aurais tout gagné. ».